Le dimanche 15 janvier, une communication importante de la présidence est annoncée, comme il en est de coutume au Congo, à des heures tardives, sur les ondes de la RTNC. Il s’agira, finalement, non de l’annonce du nouveau gouvernement tant attendu, ni d’un message de condoléances du Président Félix Tshisekedi après l’attentat de Kasindi, mais d’un remaniement du cabinet présidentiel. Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?
Bonjour et bienvenue dans ce deuxième épisode de la saison 3 de Po Na GEC, capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et de son partenaire de recherche en RDC, Ebuteli, qui résume et analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Je m’appelle Joshua Walker. Je suis le directeur de programme du GEC, centre de recherche indépendant basé à l’Université de New-York. Nous sommes le vendredi 20 janvier 2023.
Quelles observations peut-on faire sur ce réaménagement ?
La plus grande nouvelle de ce remaniement est sans doute la mise à l’écart du puissant conseiller privé du chef de l’État, Fortunat Biselele, alias « Bifort ». Ce dernier, qui était récemment intervenu dans une « chronique » du journaliste Alain Foka sur sa page YouTube privée, serait sur la sellette depuis plusieurs mois. En effet, cet homme, décrit comme un pilier important des relations entre le Rwanda et la RDC, se serait fait limoger à la suite de la dégradation des relations entre ces deux pays, et ce, après qu’il a été auditionné par l’Agence nationale de renseignements (ANR).
Autour du président Tshisekedi, l’on constate que dans les guerres de palais auxquelles des personnalités comme Vital Kamerhe et François Beya ont été mises de côté, le directeur de l’ANR, Jean-Hervé Mbelu Biosha, semble avoir joué un rôle clé. La mise à l’écart de Biselele renforce donc la probabilité de la montée en puissance de Mbelu Biosha.
Autre grande nouvelle dans ce remaniement du cabinet présidentiel : l’éjection de Jean-Claude Kabongo, conseiller spécial en matière des investissements. Sera-t-il, comme l’indiquent certaines sources, nommé dans le nouveau gouvernement ?
De surcroît, ce réaménagement semble répondre aux appels à la réduction du train de vie des institutions : trois directeurs de cabinet adjoints à la place de quatre en 2019 ; deux conseillers spéciaux au lieu de neuf en 2019 ; 13 conseillers principaux au lieu de 17 en 2019… Même le lecteur des ordonnances présidentielles à la RTNC l’a souligné, comme pour faire passer le message politique de manière claire : « Vous avez constaté avec moi, qu’il y a eu une nette réduction au cabinet du chef de l’État, il avait promis, c’est fait », a-t-il commenté. Cependant, pour démontrer une réduction réelle du train de vie de la présidence, cette dernière devrait également rendre public les changements dans les effectifs de conseillers au sein des collèges et des membres du personnel administratif du cabinet. Il serait également intéressant de fixer l’opinion sur l’impact financier qui résulte de cette décision présidentielle. Car le budget de la présidence en 2022 était supérieur à celui des ministères importants comme la Santé ou la Défense.
Quoiqu’il en soit, le remaniement du cabinet du président de la République représente, comme celui du gouvernement à venir, un repositionnement en cette année électorale plus qu’un véritable changement structurel. Ainsi, certaines critiques légitimes des structures autour du président demeurent, notamment en ce qui concerne le grand nombre d’agences spécialisées créées sous Tshisekedi et le rapport ambigu entre leurs fonctions et celles des différents ministères gouvernementaux.
En attendant le possible remaniement du gouvernement et l’évolution des positionnements politiques, vous pouvez recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone en envoyant « Ebuteli » ou « GEC » au +243 894 110 542. À bientôt !