Les derniers événements survenus à Kinshasa ont été l’occasion d’une mobilisation rarement aussi totale de la communauté internationale au regard des violences qui ont accompagné les manifestations de l’opposition. Avec un bilan très lourd : au-delà de 30 morts selon la police, plus de 100, si l’on en croit le comptage de l’opposition regroupé au sein du Rassemblement. Sans compter les blessés, les disparus ainsi que de nombreux interpellés.
Il ne suffisait cependant pas à la communauté internationale de taper du poing pour se faire entendre des autorités congolaises au sujet d’un processus électoral dont tous les observateurs sérieux admettent aujourd’hui qu’il a été bloqué à dessein pour permettre le glissement du pouvoir du président Joseph Kabila, alors que la constitution lui interdit de briguer un troisième mandat. La répression violente des manifestations des 19 et 20 septembre a surtout été l’occasion pour l’ONU de condamner dans des termes vigoureux le comportement des forces de défense et de sécurité congolaises et d’exiger l’organisation d’une enquête internationale indépendante. Mais aussi au Conseil des droits de l’homme de l’ONU de décider de mettre Kinshasa sous surveillance.
Individuellement, des acteurs clés de la communauté internationale ont surtout décidé de passer à un autre pallier de leur condamnation du régime de Kinshasa. Isolé puis ostracisé du fait des menaces récurrentes de guerre civile dénoncées dans un même mouvement par Washington, Paris et Bruxelles, ce dernier fait de plus en plus face à des sanctions qui frappent certains de ses piliers. Le cas du général célestin Kanyama, commandant de la police de la ville de Kinshasa en juin, puis des généraux Amisi Kumba et John Numbi, ciblés par Washington pour leur rôle dans la répression du mouvement démocratique. Une dynamique qui ira, apparemment, en s’amplifiant, la Belgique ayant à son tour décidé des restrictions des visas accordés aux officiels tandis que Paris annonce s’employer activement à étudier la panoplie des sanctions à déployer.
Il est désormais clair que, par rapport à certaines réflexions récemment entendues dans la capitale congolaise, la RDC n’est ni le Burundi, ni le Congo-Brazzaville, du fait de son poids sociologique et de sa position géopolitique au cœur des Grands Lacs africains. Quand, au cours des derniers mois, la détermination de la communauté internationale n’avait jamais été aussi clairement affichée sur le dossier congolais, il restera, désormais, à faire passer le même message aux acteurs clés de la Sous-région tels que l’Afrique du Sud et l’Angola, mais aussi, accessoirement, le Rwanda et l’Ouganda. Ce qui pourrait modifier sensiblement et la nature des soutiens dont bénéficie encore Joseph Kabila, et la dynamique du dialogue en cours avec des changements substantiels dans l’équipe de la médiation, l’ordre du jour et la qualité des participants, dont une frange importante est restée en dehors des discussions qui se tiennent actuellement à la Cité de l’Union Africaine.
Le sommet de la Conférence Internationale sur les Grands Lacs qui se tiendra fin octobre à Luanda s’annonce ainsi comme une étape déterminante.