L’art du possible: Le nouveau mandat de la MONUSCO
Le mandat actuel de la Mission de stabilisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) expire le 31 mars 2018. Dans un rapport publié aujourd’hui, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) recommande qu’en renouvelant le mandat de la MONUSCO, le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait prendre des mesures audacieuses pour s’attaquer à la crise politique qui est au cœur du conflit actuel.
La situation au Congo est marquée par la turbulence politique et les conflits armés. Le président Joseph Kabila, empêché de briguer un troisième mandat, a retardé à plusieurs reprises la tenue des élections et a influencé le processus électoral en faveur de la coalition au pouvoir. Cela a provoqué une recrudescence des manifestations populaires, qui ont été violemment réprimées par les services de sécurité. Au même temps, plus de 4,5 millions de personnes sont maintenant déplacées au Congo, plus que jamais auparavant, et presque deux fois plus qu’il y a seulement deux ans. Les attaques quotidiennes contre des civils ont créé l’une des pires catastrophes humanitaires au monde.
Il est essentiel que le Conseil et la MONUSCO traitent ces deux défis––les conflits violents et l’impasse électorale––comme étroitement liés. La faiblesse des institutions étatiques, le manque de responsabilité au sein du gouvernement et de ses services de sécurité, et l’absence d’investissement dans la résolution des conflits sont au cœur de la persistance de la violence.
« Il est difficile d’imaginer une transformation fondamentale du conflit si la transition démocratique est bâclée », a déclaré Jason Stearns, directeur du Groupe d’étude sur le Congo. « Les Nations Unies ont aidé à établir les même institutions démocratiques qui sont actuellement menacées. Seule une diplomatie audacieuse permettra d’éviter une nouvelle escalade. »
Afin d’atteindre cet objectif, le Conseil devrait faire de la tenue d’élections crédibles la principale priorité de la MONUSCO au cours de la prochaine année. Cela implique d’énoncer des conditions claires pour le soutien de la MONUSCO au processus électoral, à savoir, autoriser les manifestations de l’opposition, libérer les prisonniers politiques et mettre fin au «doublement» controversé des partis politiques. Si ces conditions ne sont pas remplies, la MONUSCO devrait suspendre son soutien. De même, la MONUSCO ne devrait s’engager dans des opérations militaires avec l’armée congolaise qu’en imposant des conditions bien identifiées, notamment une planification conjointe et une stratégie commune de protection des civiles.
« Le Secrétaire général a fait de la prévention, d’une approche plus politique et de la collaboration avec les organisations régionales les pierres angulaires de son approche au maintien de la paix. Il est temps de mettre cela à l’épreuve – la MONUSCO aura besoin de tous les trois pour réussir », conclut Jason Stearns.