(Le rapport entier peut être consulté ici).
Organisées le 30 décembre 2018, après deux années de retard, les élections présidentielle et législatives nationales en République démocratique du Congo ont été entachées des grandes controverses. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a proclamé l’opposant Félix Tshisekedi comme le grand gagnant du scrutin présidentiel. Mais une fuite de la même commission et une documentation de l’Eglise catholique indiquent que ce serait plutôt Martin Fayulu, un autre leader de l’opposition, qui aurait clairement remporté les élections.
En dépit de cette polémique, la scène post-électorale a été relativement stable et la population congolaise semble avoir accepté les résultats. L’investiture de Félix Tshisekedi a eu lieu le 24 janvier et le nouveau chef de l’Etat a passé les premiers mois de sa présidence à voyager à l’étranger et à l’intérieur du pays. Pendant ce temps, Martin Fayulu a lancé une campagne de contestation des résultats des urnes et a organisé des tournées dans plusieurs villes du pays.
Que pensent les Congolais de ces différents événements ?
Afin d’évaluer l’opinion publique à ce moment crucial, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci) ont conduit deux sondages téléphoniques représentatifs, entre mars (1,212 personnes) et mai 2019 (1,294 personnes). En voici les conclusions :
Les Congolais éprouvent des sentiments contradictoires à l’égard des élections.
- Près de la moitié pensent que les élections étaient truquées, mais ils acceptent tout de même les résultats ;
- Une majorité de répondants (56%) ne font pas confiance à la Ceni, et pourtant 62% sont satisfaits de la manière dont la démocratie fonctionne dans le pays.
- Près de 67% ont une opinion favorable des performances de Félix Tshisekedi en tant que président de la République. Un pourcentage d’opinions favorables significativement plus élevé que les deux précédents présidents lors de leurs 100 premiers jours au pouvoir : Joseph Kabila (44%) en mars 2011 et Laurent-Désiré Kabila (51%) en août 1997).
- Pour la première fois depuis des années, les répondants sont optimistes et pensent que le pays va dans la bonne direction: 51% en mars 2019, et 61% en mai 2019, une augmentation de 34% par rapport à novembre 2017.
- Une nette majorité de Congolais (53% en mars et 58% en mai 2019) désapprouvent l’alliance actuelle entre la coalition du président Félix Tshisekedi et celle de son prédécesseur Joseph Kabila.
- Contrairement aux résultats de décembre 2018, Martin Fayulu n’est plus l’homme politique le plus populaire du pays. En mai 2019, 48% des répondants avaient porté leur choix sur Fayulu pour devenir le chef de l’opposition, une progression de 10% comparée à mars dernier et un pourcentage deux fois plus que celui de Moise Katumbi ou de Jean-Pierre Bemba.
- Les trois premières priorités pour le président nouvellement élu citées par les répondants sont : « L’amélioration des conditions de vie, les moyens de subsistance et autres aspects économiques », « la paix, la sécurité, la réforme des services de sécurité, l’état de droit et la lutte contre l’impunité – notamment en entamant des poursuites judiciaires contre Joseph Kabila et ses ministres » ainsi que « la réhabilitation ou la construction des infrastructures ».
- En dépit du fait que la plupart des répondants (57%) s’informe grâce aux sources médiatiques locales, les médias internationaux sont considérés comme étant plus neutres par la grande majorité des personnes interrogées (70% contre 53%).