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Conflit violent
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Pour l’armée, avec l’armée, comme l’armée ?

Autrefois milice locale sans envergure, le Nduma Defence of Congo – Rénové (NDC-R) de Guidon Shimiray constitue aujourd’hui l’un des plus influents groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo. Mais que représente-t-il réellement dans la dynamique de la violence dans cette partie du pays où les intérêts des États de la région s’entremêlent, notamment au travers de soutiens de divers groupes armés depuis plus de deux décennies ? Avec son nouveau rapport « Pour l’armée, avec l’armée, comme l’armée ? », publié ce mercredi 13 mai, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) propose la première étude approfondie des origines de cette faction dissidente du NDC de Sheka Ntabo Ntaberi, de son évolution interne et de ses rapports avec les autres acteurs du conflit, y compris avec les Forces armées de la RDC (FARDC), voire avec l’État congolais.

S’appuyant sur les résultats d’un an et demi de recherches de terrain menant à l’obtention de nombreux documents et à 90 entretiens, entre autres avec les combattants du NDC-R ainsi que des sources politiques, diplomatiques et sécuritaires, cette étude montre comment Guidon Shimiray et ses hommes participent à une guerre par procuration menée par l’armée, celle-ci sous-traitant des opérations militaires contre quelques autres milices et groupes armés locaux ou étrangers. Quatre officiers supérieurs de l’armée, parmi lesquels le général Innocent Gahizi, ont été par exemple cités au moins trois fois par nos interlocuteurs comme étant des principaux organisateurs du soutien des FARDC au NDC-R.

D’ailleurs, ce soutien a participé à l’ascension spectaculaire du NDC-R, devenu une force redoutable contrôlant une vaste zone entre les territoires de Walikale, Masisi et Lubero. D’autant que Guidon Shimiray bénéficierait également d’un soutien indirect du Rwanda dans sa lutte contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). À la longue cette externalisation de la sécurité par l’armée régulière bat en brèche l’autorité étatique, exacerbe les tensions communautaires et génère des exactions contre des civils.

Ce rapport inédit lève aussi le voile sur la gouvernance expérimentale mise en place par le NDC-R dans les zones sous son contrôle. Le groupe armé a réussi à mettre en place des structures de gouvernance locale, à élaborer un cahier des charges décrivant son orientation politique, à mettre en place un système de taxation et des monopoles autour des zones minières, tout en continuant à collaborer par endroits avec des institutions étatiques établies.

Au fil des années, le NDC-R, qui prétendait défendre l’accès de la population de sa région d’origine de Walikale aux revenus miniers, a ainsi développé une véritable entreprise extractive et a investi plusieurs secteurs économiques, en connivence avec des chefs locaux, des hommes d’affaires et des officiers de l’armée.

Au regard des informations recueillies sur le terrain et analysées dans ce rapport, le GEC offre aux nouvelles autorités congolaises des clefs de compréhension des dynamiques structurelles du conflit dans l’est du pays. Ce récit devrait conduire le président Félix Tshisekedi à réfléchir sur les voies et moyens de transformer la gouvernance sécuritaire en RDC. Comme le démontre cette étude, la stabilisation de l’est de la RDC nécessitera la réforme même des institutions congolaises actuellement en charge du démantèlement des groupes armés et de la protection de la population locale.

Cliquez ici pour lire l’intégralité du rapport « Pour l’armée, avec l’armée, comme l’armée ? ».

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