Les relations entre la République démocratique du Congo et la Chine font l’objet d’une attention croissante au cours des derniers mois. Le 20 novembre, le New York Times a publié un long article sur la façon dont le contrôle du cobalt congolais pourrait devenir l’enjeu d’une lutte de pouvoir entre la Chine et les États-Unis. Le 31 août, le célèbre journaliste Alain Foka a publié une enquête sur l’exploitation minière au Congo, qualifiant le traitement des travailleurs congolais par les entreprises chinoises de « nouvelle traite négrière ».
Bonjour !
Je m’appelle Jason Stearns, je suis le directeur du Groupe d’étude sur le Congo, GEC. Cette semaine, le 8e Forum sur la coopération sino-africaine s’est ouvert à Dakar avec une participation par vidéo conférence du Président Félix Tshisekedi. Une opportunité pour interroger les relations entre la Chine et le Congo, ce que nous faisons dans ce 42e épisode de Po Na GEC, notre capsule audio sur l’actualité congolaise.
Pour la RDC, les relations avec la Chine sont cruciales. La plupart des grandes mines industrielles du Congo sont maintenant détenues ou contrôlées par des entreprises chinoises ; elles représentent désormais la moitié de la production de cobalt du Congo et environ 70% de sa production de cuivre. La Chine est de loin la principale destination des exportations et la plus importante source des importations du Congo.
Le prédécesseur du président Félix Tshisekedi, Joseph Kabila, avait misé sur cette relation pour obtenir un soutien diplomatique et économique. En 2008, les deux pays avaient convenu que les entreprises chinoises financeraient des infrastructures à hauteur de 3 milliards de dollars et construiraient un projet de cuivre et de cobalt de 3,2 milliards de dollars. Cette semaine, nous avons découvert que cet accord a également servi à enrichir certains alliés et membres de la famille de Kabila : selon l’ONG américaine The Sentry, une société créée pour aider à gérer cet accord a envoyé 31 millions de dollars à des sociétés et des personnes directement liées à Kabila. L’agence de presse Bloomberg a rapporté qu’un péage routier mis en place par une société chinoise avait généré 302 millions de dollars ; une grande partie de cette somme est allée à une société appelée SPI, appartenant à des membres de la famille Kabila.
Deux rapports commandés par le président Tshisekedi et soumis en septembre de cette année sont peut-être tout aussi accablants. Le premier, rédigé par son ministre des Affaires étrangères, estime que depuis 2015, les 882 millions de dollars de bénéfices tirés de l’extraction de cuivre et de cobalt par les partenaires chinois ont seulement servi au remboursement des créanciers chinois. Le second, rédigé par le ministre des Infrastructures, rapporte que les Chinois n’ont investi que 969 millions de dollars sur les 3 milliards prévus pour la construction d’infrastructures. De plus, le ministre a déploré que le financement des infrastructures soit plafonné à 1 milliard de dollars par leurs partenaires chinois. Aucun des 31 hôpitaux et deux universités n’a été construit, et sur les 3 500 km de routes prévues, seuls 1 210 km ont été terminés.
Le président Tshisekedi essaie clairement de réévaluer ses relations avec le gouvernement chinois.Son gouvernement a entrepris une révision des contrats miniers et forestiers, dont beaucoup impliquent des entreprises chinoises. Jusqu’à présent dans sa géopolitique, il a accordé la priorité à son partenariat avec les États-Unis – il s’est déjà rendu quatre fois à Washington au cours de son mandat, mais jamais à Pékin. Ayant réussi à obtenir d’importants dons et prêts du FMI et de la Banque mondiale, sera-t-il capable de restructurer également les relations de son pays avec la Chine ?
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