Skip to main content Skip to footer
< Retour aux ressources

Résurgence du M23 : vers une reconfiguration des alliances régionales ?

Depuis le lundi 13 juin, le Mouvement du 23 mars (M23) a encore occupé Bunagana à la frontière avec l’Ouganda. Les Forces armées de la République démocratique du Congo tentent depuis de reprendre le contrôle de la cité. Les FARDC affirment que l’armée rwandaise a participé aux combats et à la prise de Bunagana. D’autres sources indiquent aussi que l’armée ougandaise a facilité cette prise alors même qu’elle participe aux côtés des FARDC dans la province de l’Ituri et à Beni, au Nord-Kivu, à la lutte contre des ADF, un autre groupe armé actif en RDC. Sommes-nous en train d’assister à une reconfiguration des alliances régionales ?

Bonjour ! Vous écoutez le 16e numéro de la saison 2 de Po na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, qui tente d’éclairer les questions d’actualité congolaise. Je suis Reagan Miviri, chercheur au Baromètre sécuritaire du Kivu. Nous sommes le vendredi 17 juin  2022, 17h10′ heure de Goma.

Plusieurs sources soutiennent qu’en appui au M23,  l’armée rwandaise aurait attaqué les FARDC à partir du territoire ougandais, sur lequel les soldats rwandais ont été autorisés à transiter. Il y a quelques semaines, le M23 a tenté de prendre Bunagana mais l’armée ougandaise est plutôt intervenue contre le groupe rebelle sur le sol congolais, aidant ainsi  les FARDC à le repousser hors de la cité.  

Les informations faisant état du soutien de l’armée ougandaise au M23 n’ont pas manqué de susciter l’indignation au sein de l’opinion publique congolaise. Le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, a dénoncé l’attitude de l’Ouganda qui est, selon lui, en contradiction avec l’accord militaire que ce pays a signé avec la RDC. Christophe Mboso a aussi annoncé que la ratification de l’accord militaire entre la RDC et  l’Ouganda est «gelée » notamment à cause de l’ambiguïté de Kampala et  son rapprochement avec le Rwanda. 

Pour rappel,  le Rwanda et l’Ouganda étaient en rivalité jusqu’à fermer les frontières respectives pendant près de trois ans. Ils s’accusaient mutuellement de déstabilisation. C’est dans ce contexte régional qu’il y a eu la résurgence du M23. Ceci permettrait au Rwanda d’avoir aussi un œil en RDC au moment où l’Ouganda y a été invité pour participer à la traque des ADF. Kampala a même gagné un juteux marché de construction de deux routes transfrontalières et une société ougandaise a reçu plusieurs concessions minières en RDC

Aujourd’hui, les relations entre l’Ouganda et le Rwanda se sont réchauffées. Le général Muhoozi Kainerugaba, commandant de l’armée de terre et fils du président ougandais, est présenté comme l’un des architectes de ce rapprochement. Dans ses nombreuses sorties médiatiques via Twitter, il ne cache pas son soutien aux prises de positions rwandaises concernant la RDC. 

Par ailleurs, les autorités ougandaises sont aussi assez favorables, depuis des mois, à des discussions entre le gouvernement congolais et le M23. Le refus de dialoguer avec celui-ci par la RDC n’aurait pas été apprécié aussi bien en Ouganda qu’au Rwanda. Au-delà de leur rivalité, les deux pays semblent avoir trouvé un terrain d’entente sur le cas de la RDC et de ses ressources. 

Dans le cadre de la communauté des États d’Afrique de l’Est, le président kényan vient d’annoncer la mise en place de la force régionale qui va intervenir en RDC. Pourtant, presque toutes les armées de la région sont déjà, officiellement ou officieusement, présentes en RDC avec des intérêts divergents.  À cette allure, si jamais elle passe l’étape délicate de sa constitution, cette force régionale risque de ne pas fonctionner à cause des alliances ambiguës entre États, voire entre les États et des groupes armés congolais ou étrangers. 

Même si les discours se radicalisent de toutes parts et que la logique militaire semble l’emporter, il faut espérer que les efforts diplomatiques en cours et  hors caméra porteront leurs fruits. Nous ne manquerons pas de suivre les évolutions de ce conflit. 

En attendant, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. Á bientôt !

Share this