Le président Félix Tshisekedi a signé, ce samedi 3 septembre, une série d’ordonnances portant nomination des présidents des conseils d’administrations, des directeurs généraux et leurs adjoints dans certaines entreprises du portefeuille de l’État et établissements publics. Au total, 14 entités sont concernées par cette deuxième vague de nomination après la dissolution de la coalition FCC-Cach. Que pouvons-nous donc retenir de ces nominations? Sur quelle base les nouveaux mandataires ont-ils été nommés ?
Bonjour et bienvenue dans ce 28e épisode de la saison 2 de Po Na GEC, la capsule audio qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Jimmy Kande, chercheur principal en gouvernance à Ebuteli, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York. Nous sommes le vendredi 9 septembre et cette semaine, nous nous intéressons aux récentes nominations des mandataires publics par le président Tshisekedi.
Les entreprises et établissements publics sont des entités économiques et sociales appelées à jouer un rôle clef dans la production et la consommation des richesses nationales. Elles devraient s’affirmer comme des foyers d’impulsion du développement économique et social. Ce qui appelle une gestion rigoureuse et, conséquemment, des gestionnaires aux qualités managériales avérées et pétris des valeurs morales les plus élevées.
En RDC, au fil des années, les entreprises publiques se sont transformées en structures budgétivores, incapables de produire plus de richesses qu’elles en consomment. Malgré les réformes auxquelles on a assisté à partir de 2008, leurs résultats demeurent décevants jusqu’à ce jour. En effet la loi de 2008 fixant les règles relatives à l’organisation et à la gestion du portefeuille de l’Etat insiste sur le fait qu’il faut nommer des mandataires ayant « une expérience confirmée en matière de gestion dans le secteur d’activités concerné ». Comme hier, on ne cesse de déplorer la persistance de la mauvaise gestion, caractérisée par le pillage des ressources publiques et la spoliation du patrimoine de l’État par des gestionnaires-politiciens qui n’avaient pour seul mérite que d’appartenir à un parti politique de la majorité au pouvoir ou d’avoir des relations familiales ou amicales avec certains caciques du régime en place.
Si à son accession au pouvoir, les premières nominations du président Tshisekedi étaient le fruit d’un compromis politique entre les acteurs de l’alliance FCC-Cach, mettant de ce fait aux commandes de certaines entreprises publiques des politiciens suivant le poids politique de chaque composante, l’émancipation du président Tshisekedi de ses ex alliés soulevait déjà beaucoup d’interrogations quant à sa capacité et son engagement à vouloir mettre fin au clientélisme et à la prédation.
Au regard des dernières ordonnances lues à la télévision nationale, le constat demeure le même. Les mandataires viennent des organisations politiques issue de l’Union sacrée de la nation, certains d’entre eux n’ont pas d’expérience avérée dans le domaine dans lequel ils sont affectés. Le parcours professionnel des candidats ne semble pas être mis en avant, aucun appel d’offres n’a été lancé pour s’assurer de recruter des profils adaptés. Pour entretenir une majorité parlementaire fragile, obtenue par clientélisme, et probablement par corruption, le président de la République doit partager le gâteau des entreprises et établissements publics avec les acteurs les plus influents et capables de consolider l’Union sacrée.
À la veille des élections, on se pose également la question de savoir comment les finances de ses entreprises vont être gérées et si elles ne serviront pas à financer certains partis politiques.
Alors que les entreprises publiques sont confrontées à des gros défis comme l’avait d’ailleurs souligné l’un des rapports de l’IGF, l’on se demande pourquoi le chef de l’État, chantre de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, n’a pas voulu rompre avec ses vieilles méthodes qui non seulement violent les lois de la République en matière d’organisation et de gestion du portefeuille de l’Etat , mais aussi n’ont pas donné des résultats escomptés depuis l’accession de la RDC à l’indépendance
En attendant que cette dynamique change en RDC, l’IGF devra rester attentive à la gestion des entités publiques, et ce surtout à la veille des élections.
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