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Politique nationale
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La RDC doit-elle rester membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ?

Avant, pendant et après le 18e sommet de cette organisation regroupant les États et gouvernements ayant en commun la langue française, tenue à Djerba les 19 et 20 novembre, la question se pose encore au Congo. D’autant que l’OIF n’a toujours pas condamné le soutien du Rwanda au groupe armé Mouvement du 23 mars (M23), comme l’espérait Kinshasa. Au contraire, certains propos de Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères et actuelle secrétaire générale de l’OIF, ont énervé davantage les Congolais. Tout ceci est-il suffisant pour quitter l’OIF ?

Bonjour et bienvenue dans ce 39e épisode de la saison 2 de Po na GEC, le podcast qui décrypte chaque semaine l’actualité de la RDC. Je suis Ithiel Batumike, chercheur principal au pilier politique d’Ebuteli, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New-York. Nous sommes le vendredi 25 novembre 2022.

Ce 18e sommet de l’OIF était, pour la RDC, une nouvelle opportunité diplomatique pour décrocher une condamnation du Rwanda qui soutient la rébellion du M23. Visiblement les attentes de Kinshasa n’ont pas été rencontrées. Car malgré le boycott de la photo de famille de ce sommet par  le Premier ministre Sama Lukonde, en signe de désapprobation de l’attitude du Rwanda, les propos de la secrétaire générale de l’OIF apportant un soutien à son pays d’origine, le Rwanda, n’ont pas aidé non plus à calmer les esprits. « Il y a des éléments en RDC juste à la frontière du Rwanda qui sont une menace pour la sécurité du Rwanda », a en effet déclaré Louise Mushikiwabo. Des propos très graves pour celle qui est censée représenter l’OIF. Ils traduisent une partialité dans son chef au mépris de son obligation de neutralité, en violation de l’article 1er de la Charte de l’OIF. Cette violation de son obligation de réserve devrait normalement conduire à sa déchéance pour sauvegarder l’unité de l’organisation. La RDC a même pensé en vain qu’elle pouvait bloquer sa reconduction au poste de secrétaire générale de l’organisation. Mais faute de concurrent pour le nouveau mandat, elle a été reconduite à son poste. La déclaration de Djerba qui mentionne clairement l’agression de l’Ukraine par la fédération de Russie ne fait nullement allusion à la guerre à l’est de la RDC. Elle se contente globalement de regretter la « récurrence des crises et conflits dans l’espace francophone » et appelle  « au dialogue et au règlement pacifique de ces situations ».  Or, l’Ukraine n’est qu’un membre observateur alors que la RDC est un membre de plein droit de l’OIF. En outre, la RDC est le premier pays au monde en dehors de la France qui compte le plus grand nombre de francophones. 

Pour autant la RDC doit-elle quitter la Francophonie ? 

Depuis l’ouverture de ce sommet en passant par cette sortie médiatique jusqu’aux résolutions, des voix s’élèvent pour  exiger le départ de la RDC de l’OIF ou tout au moins la suspension de sa participation dans cette organisation. Après l’opposant Martin Fayulu, ce sont les députés et sénateurs membres de l’Union sacrée de la nation, coalition au pouvoir, qui ont réitéré cette demande.  

Il est certes vrai que l’impact de l’OIF n’est pas très visible en RDC car elle dispose de peu de moyens budgétaires. Il est aussi vrai que le français, qui est d’ailleurs le dénominateur commun des membres de cette organisation, est en recul dans plusieurs pays. Certains États membres de l’OIF ont adopté l’anglais comme langue officielle et d’autres, comme le Gabon et le Rwanda, ont même rejoint le Commonwealth. Malgré tout ça, l’OIF demeure active dans le domaine de la culture, de l’enseignement et de la promotion de la démocratie dans ses États membres et plus particulièrement en RDC. À travers son agence universitaire francophone, il existe de nombreuses collaborations importantes entre les universités du Nord et celles du Sud. De nombreux prix et distinctions sont également octroyés par l’OIF dans divers domaines, y compris pour la presse afin d’encourager la culture. Enfin, l’OIF accorde à ses États membres des « soutiens techniques », notamment en faveur des processus électoraux. 

Pour l’instant, le gouvernement, qui dit étudier ces demandes de quitter l’OIF, semble plutôt satisfait des résolutions de ce sommet, notamment l’aide humanitaire promise en faveur des déplacés internes de ce conflit. De même, Kinshasa tient beaucoup à l’organisation des 9e jeux de la Francophonie pour lesquels il a sollicité et obtenu plusieurs reports. 

En attendant l’acheminement de l’aide humanitaire promise par l’OIF, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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