Les partis politiques ont un rôle majeur dans la construction de la démocratie. Trente deux ans après la fin du parti unique, la RDC compte plus de 600 partis politiques dont 37 partis et regroupements politiques représentés à l’Assemblée nationale au cours de cette législature. Toutefois, la démocratie multipartite a fourni peu de résultats concrets en RDC. Elle a conduit à la fragmentation de l’espace politique sans améliorer la qualité des débats et des offres politiques. Des partis politiques sont restés généralement un moyen pour leurs dirigeants d’accumuler des ressources financières et de distribuer des postes par favoritisme.
Ce mercredi, Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) publient deux rapports sur les deux partis politiques les plus importants de la dernière décennie en RDC : Né au pouvoir : 20 ans du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (2002-2022) et UDPS, yoka base ! – La difficile quête d’une structure en pyramide inversée. Ces deux études reviennent sur l’historique de ces organisations politiques et se concentrent sur les mécanismes de redevabilité au sein de ces deux grands partis. Elles mettent à nu les failles structurelles dont souffrent ces formations politiques.
Ces rapports pointent le manque de redevabilité envers la base au sein du PPRD et de l’UDPS et démontrent comment cela entrave la démocratie interne et la capacité des membres à tenir leurs dirigeants responsables dans ces partis.
En 20 ans d’existence, le PPRD, par exemple, a accordé moins d’importance à son idéologie. Son initiateur, l’ancien président Joseph Kabila, paraît être l’arbitre final de toutes les décisions importantes du parti. Aussi, les structures formelles du PPRD sont soumises à des groupes de pouvoir informels.
« Étant un parti né au pouvoir, et autour de Joseph Kabila, le PPRD a toujours peiné à retrouver une existence en dehors de son initiateur. C’est ainsi qu’aujourd’hui, sans le pouvoir et apparemment sans liens idéologiques solides, le parti de l’ancien président semble perdre de son importance sur la scène politique congolaise », explique Joshua Walker, auteur principal de l’un des rapports.
Dans son évolution, de la lutte pour la démocratie à la conquête du pouvoir, l’UDPS n’a pas fait mieux. De nombreuses réformes au sein du parti ont souvent conduit à l’amenuisement des mécanismes de contrôle interne, affaiblissant ainsi l’idéal d’une gouvernance avec un pouvoir étendu en faveur de la base.
« Ce rapport montre comment les différentes réformes de l’UDPS ont transformé cette formation politique en un véritable parti des cadres et comment Étienne Tshisekedi est devenu l’autorité morale de l’UDPS », confirme Fred Bauma, l’autre auteur principal de ces rapports.
Ebuteli et le GEC recommandent que ces deux partis, PPRD et UDPS, à l’instar de toutes les autres formations politiques congolaises, redonnent plus de pouvoirs aux institutions internes pouvant rendre les responsables plus redevables devant leurs partisans et électeurs. Ces deux grands partis devraient également concevoir des programmes politiques clairs et réalistes. Aussi, une modification de la loi électorale devrait être envisagée pour réduire le nombre des partis. Il est enfin nécessaire d’appliquer effectivement la loi sur le financement des partis pour réduire la dépendance des formations politiques à des élites non responsables.
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