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Politique nationale
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Un calendrier électoral avec des contraintes en moins ?

En publiant fin novembre le calendrier électoral tant attendu, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) voulait avant tout rassurer en sa capacité à organiser les élections dans les délais constitutionnels, soit d’ici fin 2023. Au passage, elle a même éclipsé certaines contraintes qui figuraient pourtant dans sa feuille de route publiée début février 2022. Qu’en est-il vraiment ?

Bonjour,

Je m’appelle Trésor Kibangula. Je suis analyste et directeur du pilier politique à Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. Vous écoutez l’épisode 41 de la saison 2 de Po Na GEC, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), centre de recherche indépendant basé à l’Université de New-York. Chaque semaine, ce podcast donne notre point de vue sur une question d’actualité en RDC. 

Nous sommes le vendredi 9 décembre 2022.

C’est un calendrier électoral « très optimiste » que la Ceni a publié le 26 novembre, comme le faisait remarquer, en privé, un chevronné expert électoral africain présent à Kinshasa. Un fort optimisme de la Ceni qui a même réduit le nombre des contraintes jusqu’ici liées à ce processus électoral. La commission électorale alertait, au mois de février, sur huit défis. Aujourd’hui, elle n’en compte plus que cinq :

  1.  l’adoption à temps des lois essentielles, en l’occurrence le projet de loi portant répartition des sièges ;
  2. les contraintes sécuritaires, notamment avec la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23), groupe armé appuyé par Kigali, selon, entre autres, le groupe d’experts des Nations unies ;
  3. le retard dans le décaissement des fonds des opérations électorales et la nécessité de garantir l’autonomie financière de la Ceni ;
  4. les contraintes sanitaires avec le Covid-19 et les possibles résurgences d’autres épidémies ;
  5. les défis logistiques dans un pays qui manque « certaines infrastructures de transport de base », la Ceni, « faute de temps », devant acheminer le matériel électoral « essentiellement par voie aérienne, avec pour conséquence une augmentation exponentielle des coûts », prévient Denis Kadima, le président de la commission électorale.

En même temps, cette contrainte de « temps limité pour la préparation et l’organisation des opérations électorales » n’est plus clairement présenté comme un défi en soi. Il en est de même de la mutualisation des opérations d’identification, de recensement de la population et d’enrôlement des électeurs. Si la Ceni semble avoir réussi à convaincre l’exécutif à revoir sa copie sur cette question pour éviter une possible « lenteur » dans le processus électoral, les contours pas tout à fait clairs de la collaboration souhaitée désormais entre la Ceni et les autres structures intervenant dans le recensement de la population demeurent sujets d’inquiétude.

Contrairement à sa feuille de route de février, la Ceni ne considère plus par ailleurs la volonté politique comme une contrainte. Autrement dit, elle croit désormais en la détermination du pouvoir à donner l’impulsion nécessaire pour la tenue des élections dans les délais constitutionnels. Mais, qu’est-ce qui justifie, une fois de plus, cet optimisme ? Difficile à dire. D’autant que la Ceni elle-même continue, par exemple, à se plaindre des décaissements irréguliers des fonds alloués aux opérations électorales et à plaider pour son autonomie financière.

En outre, d’autres défis, non repris dans dans le calendrier électoral, encore moins dans la la feuille de route de la Ceni, méritent une attention particulière. C’est le cas de la cohérence interne au sein de la Ceni. Les dernières lettres de Patricia Nseya, rapporteure de la commission électorale, adressée à son président et dénonçant notamment son exclusion à certaines opérations ne rassure pas. Ajouter à ce malaise l’absence de confiance de différentes parties prenantes au processus électoral, partis politiques et organisations de la société civile compris. 

Autant dire que les défis demeurent multiples sur le chemin des prochaines élections. La Ceni est alors appelée à rassurer. Un pas dans ce sens a été franchi par la publication du calendrier électoral. La Ceni doit à présent s’ouvrir et accepter d’intégrer divers mécanismes de transparence à chaque étape de ce calendrier.

En attendant, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant GEC ou Ebuteli au + 243 894 110 542 pour recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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