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Conflit violent
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Redéploiement de la force régionale: vers un divorce entre la RDC et l’EAC ?

« Tout ce qui n’est pas dans la logique de la cessation des hostilités par le M23, de la cessation de l’agression par le Rwanda, du retrait des zones occupées par le M23 et l’armée rwandaise, du retour des Congolais à leurs domiciles ne sera pas accepté ». Ce sont les mots du ministre des Affaires étrangères de la RDC, Christophe Lutundula qui réagissait au communiqué de la réunion des chefs d’état-major de la communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC).

En effet, lors de celle-ci, le 9 février à Nairobi, les chefs d’état-majors de l’EAC ont proposé un cessez-le-feu immédiat et un nouveau chronogramme de retrait du M23. Ils ont aussi proposé un nouveau partage des zones dans la province du Nord-Kivu où leurs armées devront se redéployer. Cette dernière proposition a particulièrement été reçue avec réserve du côté congolais.  

Est-ce un pas de plus vers un divorce entre la RDC et l’EAC ?

Bonjour et bienvenue dans ce 6e épisode de la saison 3 de Po Na GEC, la capsule audio qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Reagan Miviri, analyste sur la violence à l’institut de recherche Ebuteli. Nous sommes le vendredi 17 février et cette semaine, nous nous intéressons au déploiement des troupes de l’EAC au Nord-Kivu.

Le 13 février, Christophe Lutundula a affirmé que le gouvernement allait minutieusement analyser ce document et donner sa position. Mais d’emblée, il est clair que les autres membres de l’EAC ne partagent pas la position du gouvernement congolais qui souhaitait dès le départ que les troupes de l’EAC s’engagent militairement contre le M23. C’est aussi une des attentes de la population à l’égard de la force régionale. Pour l’instant, cette dernière privilégie les démarches politico-diplomatiques prévues dans la feuille de route de Luanda, confirmée par le sommet de Bujumbura et réaffirmée dans la dernière réunion des chefs d’état-majors.

Selon le communiqué des chefs d’état-majors de l’EAC, les troupes burundaises, kényanes, sud-soudanaises et ougandaises vont se déployer sur les zones occupées par le M23. Tous les États membres de l’EAC y participent sauf le Rwanda qui soutient le M23 et la Tanzanie qui n’a pas souhaité ajouter d’autres militaires alors qu’elle participe déjà à la brigade d’intervention de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco). En plus des zones où ils opèrent en province de l’Ituri et en territoire de Beni, les Ougandais devraient se positionner dans la cité de Kiwanja, dans le village de Mabenga, et le poste frontalier de Bunagana où ils sont accusés d’avoir aidé le M23 lors de sa prise. 

Au-delà des hauts plateaux du Sud-Kivu où ils sont déployés, les Burundais devraient également  contrôler la cité de Kitshanga, le village de Kilolirwe et la localité de Sake au Nord-Kivu qui est par ailleurs encore occupée par les FARDC. Est-ce une anticipation que le M23 va l’atteindre ou plutôt les FARDC devront s’y retirer au profit des Burundais ? Les Kenyans, quant à eux, occuperaient les villages de Bwiza, Tongo et Kishishe. La base militaire de Rumangabo devrait être gardée par les Sud-soudanais.


Ce partage de ces zones entre les troupes des pays susmentionnés est perçu comme une création des zones tampons qui échapperaient à la souveraineté de l’État et empêcheraient les FARDC de les reprendre. Un déploiement des forces non combattantes de trop risquerait de cristalliser l’hostilité grandissante contre la force régionale. De plus en plus de  manifestations sont organisées en RDC contre elle. Les manifestants exigent son départ si elle ne peut pas s’engager militairement contre le M23. 

Par ailleurs, le communiqué ne mentionne pas l’éventualité de l’usage de la force en cas de résistance du M23 alors même que le premier chronogramme de retrait décidé à Luanda a eu des difficultés à être respecté. Le M23 a plutôt doublé le territoire qu’il occupait en novembre 2022, montrant ainsi son mépris pour les médiations internationales.

Entre-temps, il apparaît que la RDC redéploie sa diplomatie vers les États membres de la communauté des États d’Afrique australe (SADC) considérés comme des alliés traditionnels de la RDC en matière de sécurité. Le président de la République a effectué une tournée dans cette région où il a parlé des mines mais aussi et surtout de la sécurité en dénonçant l’agression rwandaise. 

Est-ce un aveu de la désillusion d’avoir cru possible d’obtenir des dividendes sécuritaires en rejoignant l’EAC ?

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