La force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) connaît depuis plusieurs semaines une pression de la société civile en République démocratique du Congo (RDC), qui la juge inefficace. Déployée en RDC à partir d’août 2022 pour traquer les groupes armés, dont le Mouvement du 23 mars (M23) qui ne cesse d’étendre sa zone d’influence, la force régionale de l’EAC est rejetée par une majorité de Congolais.
C’est le principal enseignement de la note thématique intitulée Une majorité des Congolais rejettent la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est, publiée ce jeudi 23 février par Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), du Centre pour la coopération internationale (CIC) de l’Université de New-York et le Bureau d’études, de recherche, et de consulting international (Berci). Soixante-neuf pour cent des Congolais interrogés ne pensent pas que la force régionale conduira à l’éradication totale des groupes armés, selon notre sondage réalisé en janvier 2023.
« Les autorités congolaises et celles de l’EAC devraient être attentives à ces signaux.Ils montrent que, avant même son déploiement complet, la force de l’EAC fait déjà l’objet d’un rejet en RDC et que celui-ci ne se limite pas aux seuls manifestants. Le jugement à son égard est encore plus sévère dans les provinces concernées par son déploiement. Si elle n’était pas en mesure d’atteindre des résultats encourageants rapidement, cette force courrait le risque de voir ses relations avec les civils se dégrader encore plus vite, ce qui rendrait beaucoup plus difficile la suite de son déploiement. Cela pourrait également affecter l’image de l’EAC elle-même en RDC, dernier pays à avoir rejoint cet ensemble régional en 2022 », assure Pierre Boisselet, directeur des recherches sur la violence de l’Institut Ebuteli.
Le rejet touche également la Mission de l’ONU en RDC. Soixante-sept pour cent des Congolais sondés estiment que la Monusco doit partir, alors qu’ils n’étaient que 29 % en 2016.
La Russie semble bénéficier de l’échec perçu de la Communauté internationale dans le règlement de la crise du M23. Ce pays est désormais celui qui recueille, de loin, le plus de soutien (61 % des Congolais interrogés ont une « bonne » ou « très bonne » opinion de ce pays).
Par ailleurs, en matière de sécurité, le jugement des Congolais est légèrement moins hostile aux mesures d’ordre national, comme l’état de siège, même si cette mesure est de plus en plus considérée comme inefficace. Soixante-quatre pour cent des Congolais interrogés jugent que cette mesure ne conduira pas à l’éradication totale des groupes armés (contre 54 % en août 2022). Seuls 29 % des Congolais sondés estiment que la situation sécuritaire s’est globalement améliorée depuis son instauration.
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