Le football est très influencé par la politique en RDC. En voici une récente illustration : au mois de février, les stades congolais n’ont pas été homologués par la Confédération africaine de football, excepté celui du TP Mazembe de l’opposant Moïse Katumbi, à Lubumbashi. Certains clubs de football, dirigés par des politiques proches du pouvoir et engagés dans des compétitions continentales, ont alors refusé de jouer dans l’enceinte de TP Mazembe, appartenant à un rival à la fois sportif et politique.
Ce vendredi, Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), son partenaire de recherche à l’Université de New York, publient un nouveau rapport sur l’espace de mobilisation civique intitulé Jeux de pouvoir, pouvoir du jeu : football et politique en RDC.
Cette étude démontre comment les femmes et hommes politiques, à la tête des clubs de football congolais, se servent de cette position pour renforcer leur renommée et chercher à en tirer un gain au moment des échéances électorales. Le phénomène ne se limite pas aux présidents des clubs. Il s’étend aux joueurs de football.
« Le football, comme d’autres secteurs de la société congolaise, est marqué par des tentatives d’appropriation de la passion des supporters et fanatiques pour la canaliser vers des fins politiques, voire électoralistes, par les hommes et femmes politiques », confirme Joshua Walker, auteur principal de ce rapport.
De fait, cette ingérence des politiques dans la gestion des clubs sert à la fois à apporter à ces derniers une popularité politique et à permettre d’atteindre les objectifs du pouvoir politique en place. Aussi les politiques, dirigeants des clubs, recourent-ils parfois aux ressources allouées à une institution publique pour financer leurs équipes de football. Cela peut expliquer la contre-performance de ces clubs une fois que leurs présidents ne sont plus au pouvoir.
Cette étude souligne enfin la différence entre les partis politiques et les clubs de football sur la question de redevabilité. Au sein des seconds, les supporters et les fanatiques sont capables de remettre en question la gestion d’un club et d’exiger un changement de dirigeant. C’est qui n’est généralement pas le cas pour les premiers.
« La série Mukalenga Wa Bantu s’interroge sur les formes de redevabilité dans des espaces de mobilisation civique. Bien qu’imparfaits, les rapports entre dirigeants et supporters dans les clubs de football pourraient servir d’exemple pour l’organisation des partis politiques », suggère Joshua Walker.
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