Le 7 avril, 21 civils ont été tués par les Forces démocratiques alliés (ADF), dans le village de Musandaba en territoire de Beni. Les corps des victimes ont été retrouvés le lendemain. Depuis 16 mois, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces ougandaises (UPDF) mènent des opérations contre les ADF. Mais selon le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), les ADF ont tué plus de 1400 civils pendant la même période. Comment expliquer la poursuite des ces massacres malgré ces opérations ?
Bonjour et bienvenue dans ce quatorzième épisode de la saison 3 de Po Na GEC, capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), centre de recherche de l’Université de New-York, et d’Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC. Je suis Reagan Miviri, analyste sur la violence à Ebuteli. Nous sommes le vendredi 14 avril 2023.
Le 6 avril, les chefs d’Etats majors congolais et ougandais ont conduit une évaluation des opérations à Beni. Selon eux, les principales bastions des ADF ont été démantelés et certains des leaders du groupe neutralisés.
Ceci est vrai dans le secteur de Rwenzori et dans la chefferie des Watalinga où l’activité des ADF a sensiblement diminué grâce aux opérations qui y ont été menées. Certains habitants ont même commencé à regagner leurs domiciles et leurs champs.
Cependant, la menace n’a pas disparu pour autant : elle s’est déplacée vers d’autres zones. Le territoire de Lubero a pour la toute première fois été touché par une attaque ADF qui a fait 9 victimes au village Nguli dans la nuit du 18 au 19 mars.
La chefferie de Bashu a enregistré le plus lourd bilan : au moins 53 civils ont été tués dans l’attaque du 8 et du 9 mars au village Mukondi. Les assaillants qui ont perpétré cette attaque et celles qui ont suivi viendraient de la vallée de Mwalika vers le parc national des Virunga. Ceci pourrait suggérer que les ADF pourchassés du côté Rwenzori se seraient réorganisés du côté de la chefferie de Bashu où il n’y a jusque-là pas eu beaucoup d’opérations conjointes.
En dépit des opérations qui se poursuivent, la cité d’Oicha et ses environs ont été touchés. Mais aussi la province de l’Ituri : entre le territoire d’Irumu et de Mambasa, les ADF ont tué au moins 30 civils. Ces attaques ont lieu à l’ouest de la route nationale numéro 4 alors que les opérations conjointes se passent plus à l’Est.
En outre, la contribution des FARDC à ces opérations conjointes serait moindre depuis que certaines unités ont été renvoyées de Beni vers le front contre le M23. En même temps, les données du KST montrent que les opérations se sont concentrées dans les zones proches de la frontière et le long de la route Beni-Kasindi en cours de construction par l’entreprise ougandaise Dott Service. Ceci laisse le champ libre aux ADF dans d’autres zones.
Au sortir de l’évaluation, le gouverneur militaire du Nord-Kivu a déclaré que « l’élargissement du rayon d’action n’est pas exclu, à condition que la présence des rebelles y soit constatée ».
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