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National Politics
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RDC : quel scénario pour la délivrance des cartes d’identité nationale en juin 2023 ?

Le 14 avril, le Premier ministre Sama Lukonde a annoncé, lors du conseil des ministres, la délivrance des premières cartes nationales d’identité d’ici mi-2023. Comment compte-t-il s’y prendre en si peu de temps ? Le processus  de recensement ne va-t-il pas suivre l’exemple décrié de l’enrôlement ?

Bonjour, 

Je suis Ange Makadi Ngoy, chercheuse à Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. Vous écoutez le quinzième épisode de la saison 3 de Po Na GEC, capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et de son partenaire de recherche en RDC, Ebuteli. Notre podcast résume et analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Nous sommes le vendredi 21 avril 2023.

Depuis 2006, la carte d’électeur sert de carte d’identité provisoire, en l’absence d’une carte nationale d’identité en RDC. Pourtant, cette carte d’électeur n’est détenue que par des individus majeurs, identifiés comme électeurs. 

Le dernier recensement de la population remonte à 1984. Depuis 2007,  les gouvernements successifs en font une priorité de leurs programmes, mais à ce jour aucun d’eux n’est déjà arrivé au bout de cette vaste opération malgré quelques tentatives. Le gouvernement Sama Lukonde tient à tout prix à honorer cet engagement. Sans donner trop de détails, le Premier ministre a appelé, le 14 avril, les intervenants dans le processus de « mutualisation des opérations », Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Office national d’identification de la population (Onip), bureau central de recensement (BCR) et l’Institut national de la statistique (INS), à « jouer, chacun, son rôle ».

Le projet de recensement de la population n’est pas nouveau en RDC. Récemment, il a même fait l’objet de tensions dans le pays. Mais pourquoi ne suscite-t-il pas cette fois des contestations comme en 2015 ? 

À l’époque, en 2011, l’Onip est créé avec comme missions d’identifier la population congolaise et de produire une carte biométrique d’identité nationale et une carte de travail et de résidence pour les étrangers. Puis en janvier 2015, l’Assemblée nationale tente de lier la tenue des élections attendues fin 2016 à la finalisation complète de l’opération de recensement de la population.

Aujourd’hui, le gouvernement préfère faire passer les opérations d’enrôlement des  électeurs avant le recensement de la population. Les opérations d’enrôlement des électeurs se sont achevées. Le fichier électoral est en cours de nettoyage pour enlever les doublons et les mineurs de moins de 16 ans. En conséquence, le recensement de la population n’enfreint pas la tenue des élections et présente de nombreux avantages, y compris pour les prochains scrutins.

Nul ne doute que le recensement de la population aura l’avantage de donner au pays un fichier électoral fiable, et ceci éviterait à la Ceni de recourir pour les prochaines élections à la coûteuse opération de l’identification et de l’enrôlement des électeurs. Ceci mettra peut-être fin aux polémiques relatives au nombre d’enrôlés sur les listes électorales à la suite d’une répartition inéquitable des centres d’inscription des électeurs dans les régions. Il est clair que l’absence de statistiques fiables profite au jeu politique. À chaque élection, la répartition des sièges est fonction du nombre d’enrôlés, elle devrait pourtant tenir compte du poids démographique de chaque entité administrative. 

Aussi, selon l’Institut français des relations internationales (Ifri), « La connaissance précise et actualisée de la population est un outil indispensable à la planification des politiques publiques et du développement. »

Il est important de recenser la population congolaise mais sur quelle base partir ? C’est là toute l’inquiétude. Le recensement doit remplir des critères objectifs et aider à disposer de données socio-démographiques fiables. Le contexte socio-politique congolais est caractérisé par un manque de confiance. En plus, le retour du débat sur la nationalité, le retour des déplacés et des réfugiés, ainsi que le discours de haine qui s’ensuivent et son incidence sur l’accès aux centres d’enrôlement pour certains Congolais créent un environnement moins favorable.  

Comment l’Onip compte-t-il utiliser les données puisées de la base de la Ceni pour octroyer les cartes nationales d’identité ? En moins de deux mois, l’Onip saura-t-il compléter les informations obligatoires du fichier général de la population que la Ceni n’a pas prélevé lors de l’identification des électeurs ? Le flou autour de ce processus risque, une fois de plus,de favoriser  les tensions sociales en RDC. 

Enfin, recenser en partant du fichier électoral, trop souvent controversé, paraît problématique.  Surtout, si ce fichier est soupçonné de préparer la fraude électorale. L’idéal serait de commencer par le recensement, qui va constituer le fichier de base pour toute la population. Dans ces conditions, la production des cartes nationales d’identité risque d’être seulement avantageuse pour  ceux qui  veulent en faire un discours de campagne pour la prochaine élection. 

En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

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