« Maintenant que se confirme la montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité, j’encourage une fois de plus le gouvernement de la République de continuer à maintenir cet effort pour que toute aventure belliqueuse sur la terre de nos ancêtres, soit suicidaire pour quiconque la tenterait ». C’est par ces mots forts que le président Félix Tshisekedi a marqué le chapitre sécuritaire de son discours anniversaire de l’Indépendance de la RDC.
Mais cette évaluation optimiste du président reflète-elle la réalité sur terrain ? Comment expliquer, par exemple, que le gouvernement congolais souhaite le déploiement rapide de troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), en plus de celles de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Monusco ?
Bonjour et bienvenue dans ce 25e épisode de la saison 3 de Po Na GEC, capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), centre de recherche de l’Université de New-York, et d’Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC. Je suis Reagan Miviri, analyste sur la violence à Ebuteli. Nous sommes le vendredi 30 juin 2023.
Alors que la RDC célèbre le soixante-troisième anniversaire de son indépendance, il a, sur son sol, plusieurs armées étrangères. La Monusco est présente depuis plus de vingt ans. Bien que le gouvernement souhaite son départ, elle dispose encore de plus de 13 000 soldats de différentes nationalités. Les armées du Kénya, du Burundi, de l’Ouganda et du Sud-Soudan sont, quant à elles, engagées dans la force régionale des États de l’Afrique de l’Est. Là aussi, bien que le président congolais ait publiquement dénoncé la collusion de certaines de ces troupes avec les rebelles du Mouvement du 23 mars, ou M23, la RDC a accepté le renouvellement de leur mandat le 31 mai dernier, comme si elle n’avait pas les moyens de faire autrement.
Le gouvernement congolais s’est aussi réjoui de l’annonce du déploiement des forces de la SADC. Il semble réduit à arbitrer en faveur des moins défavorables de ses partenaires étrangers disponibles pour lui fournir une aide sécuritaire.
On note en outre la présence des centaines de combattants étrangers depuis plusieurs mois. Venus essentiellement des pays de l’Europe de l’Est, ils appartiennent aux sociétés privées de sécurité AGEMIRA et Congo Protection présentés par le gouvernement comme des « instructeurs » et maintenanciers de l’arsenal militaire des FARDC.
En dépit de la présence de ces armées étrangères et firmes privées de sécurité, la violence n’a pas faibli. Le M23 continue à occuper une grande partie des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. Une centaine de groupes armés sévissent toujours dans l’est de la RDC.
Bien qu’il soit compréhensible qu’un pays ait recours, dans des circonstances particulières, à l’expertise extérieure, la RDC semble être devenue dépendante en externalisant sa sécurité nationale. Cette dépendance aux acteurs armés étrangers, étatiques et non étatiques, est due aux problèmes structurels et conjoncturels qui touchent les Forces armées de la RDC comme l’a reconnu le président à plusieurs reprises. Ces problèmes empêchent les FARDC d’avoir l’exclusivité de la défense de l’intégrité territoriale et de l’indépendance du grand Congo menacé par des ingérences étrangères à répétition.
Ainsi, soixante-trois ans plus tard, la promesse de Lumumba d’un « Congo nouveau riche, libre et prospère » peine encore à se réaliser.
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