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Politique nationale
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Présidentielle 2023 : l’opposition arrivera-t-elle à trouver un candidat commun ?

Il ne reste plus que deux jours avant la clôture du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle, prévue le 20 décembre de cette année. À l’heure de l’enregistrement, le vendredi 6 octobre à 17 heures de Kinshasa, 13 candidats avaient déjà déposé leurs candidatures. Celle du chef de l’État, Félix Tshisekedi, est encore attendue. Comment le paysage politique se dessine-t-il à travers les candidats désormais en lice pour la présidence ?

Bonjour ! Je m’appelle Joshua Walker. Je suis le directeur de programme du Groupe d’étude sur le Congo. Nous sommes le vendredi 6 octobre. Vous écoutez le 39e épisode de la saison 3 de Po Na GEC, la capsule audio qui tente d’éclairer, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise.

Les contours de l’élection présidentielle de cette année commencent finalement à se dessiner. Si le président Félix Tshisekedi n’a pas encore officiellement déposé sa candidature, il a déjà été investi le 1er octobre comme candidat officiel de l’Union sacrée de la nation (USN). Qui sont les autres candidats importants ?

Il y a d’abord Moïse Katumbi, homme d’affaires et ancien gouverneur de l’ex province du Katanga. En 2018, il a été exclu de la présidentielle. Cette année, la proposition de loi dite « Tshiani » –qui vise à interdire à tout Congolais pas né d’un père et d’une mère congolais de devenir président, qui pourrait l’éxclure –n’a toujours pas été examinée par l’Assemblée nationale. Bien qu’il ait multiplié récemment des tournées de redynamisation de son parti politique, Ensemble pour la République, Katumbi pourrait surtout s’appuyer sur des relais au sein des regroupements politiques dont il est proche pour essayer de rivaliser avec la grosse machine électorale de l’USN. 

La présence du docteur Denis Mukwege, désormais aussi candidat, risque de changer les calculs. D’abord, il n’a jamais formellement participé à la politique, à la différence des autres candidats majeurs. Inscrit comme candidat indépendant, il bénéficie toutefois du soutien du regroupement politique Alliance des Congolais pour la refondation de la nation (ACRN). Réputé mondialement grâce à son activisme contre les violences sexuelles et ses nombreux prix et distinctions dont le prix Nobel de la paix de 2018, le docteur Mukwege attirera nécessairement une attention de l’étranger sur la transparence et la crédibilité du processus électoral en RDC. Ceci a déjà commencé avec la forte médiatisation à l’échelle internationale de sa candidature. Si sa renommée internationale pourrait constituer un atout pour sa candidature, son défi sera de pouvoir monter une mobilisation en RDC à la même échelle que sa réputation à l’étranger. 

Pour sa part, l’ancien candidat malheureux de 2018, Martin Fayulu, a aussi déposé sa candidature pour le scrutin de 2023. Mais son entrée semble contredire sa position de ne pas déposer les candidatures de ses partisans aux législatives, provinciales et municipales suite au refus de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de procéder à un audit crédible, selon lui, du fichier électoral. Il compte sur sa popularité à Kinshasa et dans certaines autres provinces, mais sa posture sur le processus électoral semble avoir fragilisé sa coalition. Martin Fayulu n’est pas le seul à candidater à la présidentielle sans candidats aux autres élections. Le parti de Marie-José Ifoku, la seule femme jusque là dans cette course, n’a pas non plus présenté de listes à ces autres élections.

Autre candidat majeur : l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, qui a été la première personnalité à déposer sa candidature. Et cela en dépit du fait qu’il soit actuellement poursuivi devant la Cour constitutionnelle pour détournement de fonds publics. Un dossier judiciaire qu’il n’a jamais cessé de dénoncer comme une manœuvre visant à l’écarter de la présidentielle. À cette liste on peut ajouter deux autres personnes qui ont déposé leurs candidatures : le député national Delly Sesanga et l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito. 

Le grand enjeu pour l’opposition, tout comme en 2018, demeure le défi de trouver un candidat commun. En 2018, les négociations organisées par la fondation Kofi Annan à Genève avaient fini par désigner Martin Fayulu candidat commun de l’opposition, avant que Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ne décident de faire route séparément. Aujourd’hui, à onze semaines du scrutin, aucun processus semblable n’a encore été organisé, malgré la tenue de quelques discussions informelles entre les différents candidats. Mais il est encore tôt. Les négociations de Genève avaient été organisées en novembre 2018, soit moins de deux mois avant le scrutin. Pour l’instant, Fayulu, Katumbi et Mukwege semblent déjà convaincus qu’ils devraient être, chacun de son côté, ce candidat commun face à Tshisekedi.

Dans le discours public en RDC on parle très peu, pour le moment, des offres politiques : que proposent ces candidats comme vision pour le pays ? La campagne électorale, censée débuter officiellement le 19 novembre, nous en dira plus. Tout comme le lancement, d’ici un mois, du nouvel outil de vote Keba! par Ebuteli et le GEC, qui permettra aux Congolais de trouver la personne dont les prises de positions correspondent le mieux à ses préférences pour la gouvernance du pays.

En attendant, vous pouvez recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone, en envoyant « GEC » –G E C– au +243 894 110 542. À bientôt !

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