Skip to main content Skip to footer
< Retour aux ressources

Budget 2024 : vers une prise en charge accrue des services sociaux de base ?

Cette semaine, l’Assemblée nationale a adopté, en première lecture, le projet de loi des finances 2024. Ce projet fixe le budget de la RDC à 16 milliards de dollars américains, avec une hausse de 24,7 % par rapport à celui de 2023, selon Sama Lukonde, Premier ministre congolais. Est-ce un budget qui améliorera les conditions socio-économiques de la population ?

Bonjour et bienvenue à ce 42e épisode de saison 3 de Po Na GEC, la capsule audio d’Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’université de New York. Je suis Ange Makadi Ngoy, chercheuse au sein d‘Ebuteli. Nous sommes le vendredi 27 octobre 2023. 

Lors de son examen et adoption, les députés nationaux ont voté, en bloc, de manière rituelle le budget de l’exercice 2024. Cette année, il se chiffre à 16 milliards de dollars américains. Les dépenses prévues seront accordées en priorité à la sécurisation du pays et aux secteurs sociaux et porteurs de croissance en vue de la diversification de l’économie nationale. Qu’en est-il dans les faits ?

Le constat est simple. Le budget de la RDC a connu une augmentation significative entre 2019 et 2023. En 2020, le pays avait un budget de près de 10 milliards de dollars américains et de 14 milliards en 2023. Ce qui matérialise le discours du président de la République Félix Tshisekedi du 13 décembre 2019 sur l’état de la nation : « Comment les gens peuvent-ils s’étonner que le gouvernement propose un budget de 10 milliards de dollars avec 80 millions de Congolais ? » s’interrogeait-il. 

Dans le projet de budget 2024, les prévisions adoptées sont relativement bien réparties entre les dépenses de fonctionnement (49,7 %) et celles d’investissement (50,3 %) sachant tout de même que les frais de fonctionnement sont majoritairement consommés par les responsables de services. Les dépenses des équipements englobent une bonne partie du budget 2024 (34,4 %) tandis que celles du personnel sont de 23,6 % qui prennent en charge les nouvelles recrues de l’armée, de la police et de la magistrature. Une tendance inverse par rapport au budget 2023. 

Le reste est partagé entre la dette publique (3,1 %), les frais financiers (0,6 %), les biens et matériels (1,2 %), les transferts et interventions de l’État (18,8 %), les constructions, réfections et réhabilitations (15,3 %). 

Pour le programme de développement local des 145 territoires, qui vise à enclencher le développement à la base, près de 755 milliards de francs congolais sont alloués. Ce qui équivaut à environ 299 millions de dollars américains, soit 2,7 % du budget global alloué à ce programme. En comparaison avec le budget de 2023, on constate que ce programme a reçu moins de fonds. Un exemple marquant de cette disparité budgétaire se trouve dans le territoire de Kazumba. 

Dans le budget de 2024, ce territoire n’a reçu que moins de 5 milliards de francs congolais contre 6 milliards de francs congolais alloués en 2023, selon les crédits alloués aux projets dans l’ annexe XXI. Une situation similaire prévaut dans les territoires de Bumba et Punia. 

Cette situation met en évidence une allocation budgétaire insuffisante pour soutenir le développement local dans certains territoires. 

Quelle est la part du secteur de la santé, de l’agriculture et de l’enseignement ?

Sur papier, on constate une part plus ou moins importante dans le budget de la santé publique et de l’enseignement primaire de cinq mille milliards et six mille milliards de francs congolais, respectivement. Cela peut s’expliquer par la volonté de continuer de mettre en  œuvre le programme ambitieux comme celui de la gratuité de l’enseignement et de la maternité.  

L‘agriculture reçoit, quant à elle, des crédits de près de deux mille milliards  de francs congolais. Cela dépasse le budget de la présidence de la République, de l’Assemblée nationale pris séparément. 

Globalement, on voit que certains secteurs clés de la vie sociale des citoyens ont reçu des crédits importants. Toutefois, ce budget est susceptible de changer, en fonction de la capacité de l’État à mobiliser les recettes au cours de l’année. Comme cela s’est déjà produit dans les budgets précédents, le budget adopté par le Parlement peut être ajusté, à la hausse ou à la baisse. 

Dans la pratique, des institutions comme la présidence de la République, l’Assemblée nationale et le Sénat explosent toujours le plafond de leurs crédits alloués avec des dépenses énormes. Pourtant, la pratique de la gestion (exécution) du budget ne devrait pas s’écarter de ce sens des répartitions. 

À ce niveau, il faut que le Parlement, autorité budgétaire, joue son rôle, en contrôlant l’équilibre budgétaire et les exécutions des dépenses.

En attendant la mise en œuvre de ce nouveau budget national, rejoignez notre fil whatsapp en envoyant GEC ou Ebuteli ou +243 894 110 542  pour recevoir  Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. À très vite. 

Share this