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Violent Conflict
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 La nouvelle coordination nationale du P-DDRCS va -t-elle relever les multiples défis du désarmement ?

Le 19 octobre dernier, le chef de l’État congolais, Félix Tshisekedi, a remplacé  les animateurs de la coordination nationale du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS). L’abbé Jean-Bosco Bahala prend   désormais la tête de ce programme en remplacement de Tommy Tambwe, nommé en  août 2021. Cette décision est intervenue dans le contexte marqué par une crise de confiance des bailleurs de fonds et des parties prenantes au processus de désarmement vis-à-vis des responsables du P-DDRCS et le dysfonctionnement au sein de ce programme.

Le remaniement opéré par le chef de l’ État suffira-t-il à redorer son blason ? 

Bonjour et bienvenue dans ce 43e épisode de la saison 3 de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et d’Ebuteli, qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Agenonga Chober, chercheur principal pour les Uélé au sein du pilier violence d’Ebuteli. Nous sommes le vendredi 3 novembre 2023.

Le chef de l’État congolais a créé le P-DDRCS  en juillet 2021, par la fusion du Programme national de désarmement (PN-DDR) et le programme de stabilisation et reconstruction des zones sortant des conflits armés (STAREC). 

Contrairement à ces deux programmes qui relevaient respectivement du ministère de la défense et du ministère du plan, le P-DDRCS est «un service public placé sous la haute autorité du président de la République… »créé pour  « promouvoir la stabilité par la réintégration des ex-combattants dans la vie civile au sein des communautés et non pas au sein des Forces armées de la RDC »,  selon les dispositions de l’ordonnance qui l’a créé.

Mais deux ans après sa création, le PDDRCS peine à désarmer ces combattants. Depuis le 17 avril 2023, il a lancé un site pilote de désarmement à Diango en Ituri qui n’a reçu qu’une centaine de combattants sur les dizaines de milliers qui sont actifs dans cette province.

En plus, ces combattants sont issus de factions dissidentes de l’URDPC/Codeco et FPIC qui n’étaient plus actifs depuis des mois. Les branches principales de l’URDPC/CODECO, FPIC, ZAÏRE et MAPI ont refusé d’adhérer à ce processus et ont continué à perpétrer des violences. Pourquoi ne s’y sont-ils pas joints  ? Lors de la troisième phase de pourparlers de Nairobi tenue entre novembre et décembre 2022, les leaders des groupes armés ont invoqué plusieurs raisons, parmi lesquelles le manque de confiance vis-à-vis de « certains animateurs du P-DDRCS » pour leur passé jugé « accablant ». En plus, certains leaders des groupes armés ont réclamé leur amnistie comme garantie de désarmement. 

En outre, les groupes armés n’étaient pas les seuls à exprimer leur méfiance vis-à-vis de l’ancien coordonnateur du P-DDRCS. C’était aussi le cas des organisations de la société civile du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, par exemple.

Aussi, la Banque mondiale, principal bailleur de fonds, a gelé les cruciaux fonds destinés au P-DDRCS, qu’elle a préféré alloué à d’autres organismes qui travaillent au niveau provincial. Cette décision semble avoir porté un coup sévère au P-DDRCS. Une nouvelle difficulté qui s’est ajoutée tient à l’émergence du mouvement Wazalendo au Nord-Kivu. Il s’agit d’une mobilisation de groupes armés contre le M23. La nouvelle équipe du P-DDRCS sera-t-elle en mesure de relever ces défis ? 

L’avantage de cette équipe réside dans la confiance que les organisations de la société civile du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema lui ont témoignée depuis sa désignation par le chef de l’Etat.

S’agissant du rapport de confiance avec d’autres partenaires, tout pourrait dépendre de la manière dont la nouvelle équipe conduira le dialogue avec les bailleurs de fonds.

La manière de conduire le dialogue pourrait également influer sur les relations avec les parties prenantes à ce processus, notamment, les leaders des groupes armés et les communautés affectées par les violences dans les différentes provinces.  

Par ailleurs, la nouvelle équipe du P-DDRCS devra revoir sa stratégie nationale de désarmement et élaborer un plan opérationnel réaliste. Ce travail est conditionné par l’actualisation de la cartographie afin d’avoir des données exactes et précises sur les groupes armés actifs dans toutes les provinces où il est appelé à implémenter son programme.

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